L'Abreuvoir (La Taverne si vous préférez)

Drobu avançait d'un pas lent vers la taverne tous en pensent au surnom de Dame Angie "l'impure" mais d'où cela peut t'il bien venir.

Arriver devant l'auberge Drobu eut un sourire.

-Tient les volets sont ouverts aujourd'hui, le tavernier doit être là.

Drobu regarda la pancarte suspendue au dessus de la porte.

-L'abreuvoir quel joli nom.

Drobu poussa la lourde porte en bois clouté de l'entrée et pénétra dans ce dit "abreuvoir", d'un rapide coup d'oeil il vu qu'il été seul soudain une tête sortit de derrière le comptoir.

-Bien le bonjour à vous monsieur l'aubergiste, content de vous connaître, quel est votre nom, moi on me nome Drobu et je suis un membre de la confrérie de l'Esprit Libre et attention je ne veut pas de jeux de mots avec mon nom!

Drobu s'approcha du comptoir et s'assied sur l'un des grands tabourets de là il contempla les lieux.

-C'est une bien jolie taverne que Dame Angie vous confie, elle est décorer avec goût et dite moi le bar a l'air bien rempli, qu'avez de bon a me proposer, sachez que aucune boisson alcoolisée ne me fais peur hormis le gratzch bizarrement, en effet cette dernière me fait vite perdre mes esprits!

Tout en regardant le feu qui crépiter dans la cheminée Drobu s'adressa au tavernier.

-J'ai une question qui me tracasse peut-être en auriez-vous la réponse, d'où vient le surnom de Dame Angie "l'impure" comment peut t'on nommé une dame avec un tel adjectif ?

Drobu retourna son regard vers le tavernier et attendit qu'on le serve...

Une fois qu'il eut finit d'installer tout, il alla allumer le feu dans la cheminée, fit un tour des lieux pour vérifier que tout était en ordre, et revint se placer derrière le comptoir.

Il y était depuis cinq ou six sabliers lorsque le premier client arriva. Il se présenta immédiatement, prit place sur un tabouret, et jetta un coup d'oeil aux lieux tout en parlant au Tavernier, lui demandant son nom, mais aussi semblant bien curieux au sujet de l'Impure.

Le Balaffré, qui travaillait pour la première fois dans une Taverne, se demanda si il était courant que les clients posent autant de questions dès leur arrivée... Cela lui semblait louche... Et si cet homme était un représentant des forces de l'ordre qui tentait de passer inaperçu?

Oui, c'était peut-être un policier qui le cherchait et prennait un air innocent pour poser des questions et vérifier son identité...

Aussi décida-t-il d'ignorer sa première question, et d'éviter de répondre à la dernière. De toute façon, il n'avait aucune idée d'où venait ce surnom.

Il prit la première bouteille qu'il attrappa, et un verre, avant d'ouvrir la bouche.

Un Bourg-Bon, ça vous va?

Pour vot' question sur l'Impure, je n'ai aucune idée du pourquoi et du comment de ce surnom. Il faudra lui d'mander à elle quand elle arrivera. M'étonne d'ailleurs qu'on ne l'aie pas encore vue...

-Un bourg-bon m'ira très bien l'ami, merci, et pour votre nom alors c'est pas que je veuille être indiscret, mais si je viens souvent je préférerai vous appeler par votre nom que part un simple "tavernier", surtout que je trouve ça un peu péjoratif, mais si vous aimer mieux ainsi je mis plierai sans soucis.

Drobu pris sont verre et avala une bonne gorgée de ce bourg-bon soudain, il fronça les sourcils, devint rouge et des gouttes de sueur commencer à perlées sur sont front.

-Ahh il est fort ce bougre! Il doit être vieux, mais il est bien goûteux de qu'elle contré vient-il si ce n'est trop vous demander.

Drobu repris sont verre, mais but qu'une petite gorgée, il se leva du tabouret le verre toujours à la main et commença à marcher lentement dans la pièce tout en observant avec attention les choses accrochées de part et d'autre sur les murs.

-On est bien ici, le calme est quelque chose d'agréable surtout que la guerre fait rage chez moi alors vous comprenez pourquoi je viens vous voir, vous savez les coups de canon toute la journée, les terribles hurlements des malheureuses victimes tombant sous les flèches et le glaive j'en peu plus c'est pour ça que de temps en temps je délègue mes obligations de gouverneur et je m'en vais me relaxer si ce n'est me saouler dans les tavernes.

Drobu tourna son regard vers le tavernier.

-Peut être en avez-vous marre de m'entendre relater ma vie, mais parler à un inconnu me détend, dans mon royaume je suis obligé d'avoir une prestance et je ne peux me permettre certaine chose, alors qu'ici ou dans une autre taverne je redeviens quelqu'un d'un peu normal voir humain et ça fais du bien, un meilleur bien que ce bourg-bon ou d'autres alcools que j'ingurgite fréquemment.

Drobu repris ça place sur le tabouret et posa son verre vide et quelques mistrels sur le comptoir verni.

-Et cette Dame Angie "l'impure" quand viendra t'elle ? Je serai heureux de la rencontrer, j'en ai entendu parler d'en d'autres tavernes et il parait que c'est une grande Dame avec le caractère qui va avec si elle vous a mis en place ici vous devez bien la connaître non ?

Je me suis encore levée tard ce matin.
D'ailleurs, je pense que ce n'était déja plus le matin.
Le soleil brillait déja haut dans le ciel, et les rues étaient animées.

Je me suis levée tard, et pourtant je n'ai pas dormi de très nombreux cirfeux.
Quatre ou cinq peut-être... Guère plus en tous cas... Comme toujours!
Comme toujours depuis qu'il a disparu! Le sommeil ne veut plus de moi.
Alors j'ai fixé la lune, pendant longtemps, comme si j'attendais
qu'elle me parle, qu'elle me dise qu'un jour il reviendra,
qu'il n'est pas mort, qu'il pense à moi là où on le retient.
Oh, Souen! Pourquoi t'ais-je écouté cette fameuse nuit?
Pourquoi ais-je pris la fuite comme tu le voulais?
Si j'étais restée à Machupo, je serais avec
toi en ce moment, peu m'importerait où...
Même la mort me serait douce avec toi.

La lune, comme toujours, est restée muette.
Alors j'ai rejoint mon meilleur confident, celui
qui toujours me laisse parler sans détour, et me console.
Oui, j'ai rejoint ce poison qui endort ma souffrance... l'alcool.
J'ai bu jusqu'à tout oublier, jusqu'à ne plus penser, jusqu'à sombrer.
Le soleil m'a trouvée affalée sur le sol de ma chambre, comme souvent.

Alors je me suis levée, lavée, habillée, et j'ai pris la route pour aller voir
si le Balaffré était arrivé dans mon nouveau repère, comme prévu.
Il devait arriver ce matin, normalement. C'était notre accord.
En chemin, j'ai réfléchi un peu à ma nouvelle alliance,
mais aussi à comment j'envisageais de recrutter.
Je n'en ai pas encore la moindre idée...

Enfin j'arrive devant l'Abreuvoir.
J'aime ce nom... Il résume assez bien
ma relation avec la boisson... Un besoin!
Les volets sont ouverts, signe que mon employé
est arrivé et a prit ses fonctions sans attendre.
J'ignore pourquoi je lui ai offert ce travail, mais
au fond de moi, je sais que je peux avoir confiance en lui.

Lentement, et avec douceur, je pousse la porte et pénètre dans
les lieux, sans faire un bruit. La porte n'a même pas grincé.
Un homme est assis au comptoir, et parle avec le Balaffré.
A première vue, il ne me semble pas l'avoir déja croisé.
Sans vraiment le vouloir, j'entend ses derniers mots.


Ainsi donc vous avez entendu parler de moi...
Et bien j'espère être à la hauteur des descriptions.

Voilà plusieurs cycles que Bagheera marchait. Il était enfin arrivé dans cette nouvelle contrée, et il y faisait froid. Il n'avait pas vraiment prévu ça. A Manticora il n'y avait pas besoin d'être très vêtu. Et il n'avait jamais osé imaginer que la pluie puisse prendre cette forme. C'était vraiment curieux.

Il arriva enfin à la ville qu'il cherchait tant. Il ne prit pas le temps d'admirer l'architecture, il le ferait une autre fois. Non, ce qui lui importait était de trouver rapidement la taverne afin de se réchauffer et de se rassasier. Il demanda son chemin aux passants. Ils le regardèrent d'abord intrigués, puis le guidèrent jusqu'au lieu recherché.

Il entra sans se faire prier, et se dirigea rapidement vers la cheminée et sa chaleur réconfortante.

glaglaglagla... j'ai bien cru que j'allais mourir... brrrrrrrrrrr

A peine ais-je fini de pronnoncer cette phrase, qu'un autre
homme pénètre dans les lieux, et se dirige immédiatement
vers la cheminée, comme si sa vie en dépendait, sans même
prendre le temps de jeter un regard aux personnes présentes...
Serait-il tout comme moi fasciné par les flammes au point de ne pas
pouvoir résister à l'envie de les contempler de près lorsqu'il en voit?

Je commence à avancer dans sa direction, et entend les mots qu'il
pronnonce pour lui seul, à voix pourtant assez volumineuse.

Mourir? Personne ne meurt sur mes terres, sauf si ses intentions sont belliqueuses...

Bagheera sursauta en entendant la voix. Il se retourna, tout en se mordant légèrement la lèvre. Il lui arrive parfois d'oublier les règles les plus élémentaires de courtoisie. Souvent il en fait de trop à son goût. Enfin rares sont les fois où il trouve le juste milieu. A vrai dire, le jeune homme n'est que peu souvent satisfait de lui-même.

Il resta un instant à dévisager la dame qui lui faisait face. Malgré son jeune âge, on devinait que sa vie n'avait pas été de tout repos jusqu'ici. Cela doit faire longtemps qu'elle endosse de lourdes responsabilités, et son caractère doit être bien trempé.

Pardonnez-moi, il n'est nullement question de conflit. Il m'arrive parfois d'en rajouter. Je me présente. Bagheera du Club des Chats.

Il sortit un petit portrait de sa sacoche.

Je suppose que vous êtes dame Angie. Si c'est le cas j'ai de la chance, c'est vous que je cherchais.

L'homme se retourne immédiatement vers moi, surpris apparemment,
et me dévisage un instant. Comme toujours cela me met
mal à l'aise, mais je tente de ne pas le montrer.

Je repense aux paroles du Seigneur Tibix l'autre
jour: "Voyons, c’est peu commun de voir une personne aussi
réputée et puissante faire preuve de timidité. Je vous avoue que
je trouve ça assez amusant. Vous qui n’avez que peu de choses à craindre..."
Après tout, je sais qu'il a raison, je n'ai pas à me sentir en danger sans arrêt,
je n'ai aucune raison de ne pas être sûre d emoi, de me sentir inférieure ou incertaine.

Oui, je suis bien Angie Macquart.
Vous me cherchiez? Et bien vous m'avez trouvée!

Mon regard se porte vers l'âtre, admirant une fois de plus
la danse des flammes, comme si je cherchais à leur voler une partie
de leur force, de m'en imprégner... Elles me donnent confiance en moi je crois.

Vous aimez le feu?

Bagheera était ravi de tomber sur la personne qu'il recherchait aussi vite. Il trouva les présentations de la jeune femme quelque peu sèches, mais amusantes. Elle se tourna alors vers le feu, et posa au jeune homme une question à laquelle il ne s'attendait pas vraiment. Mais après tout, il était venu ici pour faire connaissance, et pourquoi pas tisser des liens.

Il s'approcha au plus près du feu et s'agenouilla. Il passa ses mains le long des flammes, cherchant à les caresser, mais prenant garde à ne pas les toucher, pour ne pas interrompre leur danse. Lorsque la douleur commença à se faire trop vive, il retira calmement ses mains.

Je suis né par le feu et je mourrai par le feu.

Sans me répondre, l'homme s'agenouille près du feu et tend la main.
Mes yeux s'écarquillent sous l'effet de la surprise. Est-il fou?
Non, pas fou! Pas plus que moi qui prend parfois une espèce
de plaisir malsain à scarifier ma peau avec ma lame.
Plaisir? ce n'est peut-être pas le bon mot...

C'est bien difficile à expliquer, mais
je ne me sens jamais aussi vivante que
quand je sens la douleur physique, que je me l'inflige
moi-même, que les termes "être maître de sa propre vie"
prennent tout leur sens, et que la douleur physique fait taire
tout ce vacarme qui a pris mon cerveau comme caisse de résonnance...

Perdue dans mes pensées, je n'ai pas vu l'homme retirer sa main.
Lorsque je m'en rends compte, je tourne mes yeux vers son visage,
me demandant si ce qu'il vient de faire est aussi une espèce
de remêde pour se sentir plus fort, plus maître
de quelque chose, peu importe quoi d'ailleurs.
Sans doute, oui! Sinon pourquoi?

Je m'apprête à lui demander, mais
il me devance en prennant la parole.
Il ne pronnonce qu'une phrase, douze mots,
pas un de plus, et mon visage blémit, me faisant
sans doute ressembler à une marionette sans vie, dont
le teint serait terni par le temps, les couleurs usées.

Né par le feu... Il ne se doute pas que moi aussi si je suis
en vie, c'est grâce au feu. Il ne m'a pas permis de
naitre au sens propre du terme, mais bien de
renaitre, d'enfin vivre, de diriger ma vie!

Mourir par le feu... Je revois le visage
d'Etienne, ce monstre qui a tué cette petite vie
dans mon ventre. Lui, il est mort par le feu... brûlé!
Les dernières images de son corps endormi commençant à se faire
lêcher par les flammes de la bougie tombée sur le lit, comme un avant
goût de l'enfer dans lequel il est sans doute aujourd'hui, me reviennent...

Un rictus apparait sur mon visage, mais je me ressaisis de suite.
Du moins je tente de ne rien laisser paraitre à cet homme.
Mon regard se porte à nouveau vers l'âtre, et je
me demande quelle sensation ces demoiselles
qui dansent avec autant de sensualité et
de force peuvent bien procurer...

Je ne sais pas pourquoi, mais soudain,
sans que j'en aie vraiment conscience, ma main
se met en mouvement et vient se glisser sous la main
de cet homme que je ne connais pas. Mes lêvres s'entrouvrent.

Faites-moi découvrir...

Que pouvait bien pousser la jeune femme à agir de la sorte ? Beaucoup disent aimer le feu. Mais Bagheera n'avait encore jamais rencontré quelqu'un qui souhaitait le connaitre. Qui aime se brûler ? Et qu'avait-elle pu vivre pour vouloir goûter à la puissance du Destructeur ?

Il passa sa main libre dans les cheveux de la jeune femme, puis la fit délicatement descendre le long de son visage, de son cou, de son bras, jusqu'à atteindre son autre main, qu'il prit dans la sienne. Il approcha ses lèvres de celles d'Angie prêt à y goûter.


Souhaitez-vous à ce point connaitre la douleur ?

Immédiatemment après avoir pronnoncés ces mots, je me rends
compte de ce que je viens de faire, de ma main posée
sous la sienne, et du sens étrange de mes paroles.
Alors je me mords la lêvre inférieure et décide
de retirer ma main, en m'excusant...

Je veux le faire, mais je n'en ai pas
le temps, car déja l'homme réagit, d'une
façon à laquelle je ne m'attendais vraiment pas.
Je sens son autre main se poser dans ma chevelure,
légère comme un oiseau venant se reposer sur une branche
un peu frêle, et qui aurait peur de la faire plier sous son poids.

Immédiatement, comme toujours lorsqu'on ose me toucher,
mon corps se crispe, la peur et la colère commencent
à s'emparer de moi, je les entends ordonner à ma
main d'aller chercher mon couteau dans ma jupe.
Oui, comme toujours, les souvenirs des coups
reçus par mon défunt mari s'emparent de
mes réactions, réveillent cette crainte
du contact physique, cette haine de
celui qui ose toucher ma peau.

Je ferme les paupières un instant,
très bref, pour tenter d'arriver à me
contrôler, faisant le vide dans ma tête.
Je décide alors de les rouvrir et de demander
à cet homme de bouger sa main, sans le menacer,
je dois être capable de le faire sans tenir une arme.

Mes paupières se relêvent, alors que je sens cette main
descendre le long de mon visage, se traçant ensuite
un chemin jusqu'à ma main libre, l'entourant de
ses doigts, et ma peur revenir au galop.

Mon regard croise alors le sien...
Et, comme une bourrasque de vent chaud
chasserait des feuilles mortes, ce que je lis dans
ses yeux sans même le comprendre, fait s'envoler mes
craintes qui ne sont que des relents de souvenirs douloureux...

Cet homme n'a rien avoir avec Etienne.

Je sens son souffle proche du mien, caressant presque mes lêvres,
et je voudrais trouver quelque chose à dire, à faire,
pour rompre ce moment, pour reprendre l'ascendant.
Oui, pour paraître forte et détachée, surtout.
Pourtant, je me sens si... bien? Est-ce
cela se sentir tout simplement bien?
Je n'sais pas, je n'sais plus!
Enfin les mots arrivent...

Je ne connais que la douleur.
Je... Pourquoi faites-vous cela? Votre main...

Bagheera approcha un peu plus ses lèvres de celles d'Angie, jusqu'à les caresser.

Avez-vous peur ? murmura-t-il.

Puis il les retira, et lacha les mains de la jeune femme. Elle était plus détendue, et son regard annonçait l'apaisement. Cependant il ne pouvait en rester là. Alors il posa ses mains au-dessus des hanches d'Angie et les fit glisser dans son dos, la serrant contre lui.

Il tourna à nouveau son regard vers le feu. Le spectacle qu'offraient les flammes le fascinait. Il ne sentait pas le besoin de parler et il pourrait rester ainsi pour l'éternité.

Les yeux plongés dans les siens,
légèrement tremblante, et pourtant calme,
j'attends la réponse à ma question: "Pourquoi?".

Et alors, au lieu de reculer comme je m'attendais
à ce qu'il le fasse, il continue à approcher
ses lêvres des miennes, allant jusqu'à les
frôler, l'espace d'un grain de sable...

Je sens mon corps se crisper à nouveau,
et pourtant je ne saurais dire si il a envie
de se reculer, ou plutôt de se tendre vers l'avant.

Je baisse à nouveau les paupières, tentant de savoir,
de comprendre ce qui se passe en moi. Et soudain,
derrière mes paupières closes, apparait un
visage... Celui de l'évangeliste Souen!

Celui de cet homme que j'ai tellement
aimé, celui que je cherche depuis cette
fameuse nuit où les troupes pacificatrices
ont déferlé sur Machuppo, celui pour qui j'ai
fait couler tant de sang, pour le venger, nous venger!

Que suis-je en train de faire? Je laisse un autre poser
ses lêvres sur les miennes, là où j'ai tant aimé
sentir les siennes, où je voudrais qu'elles
soient encore... Souen... mon Amour...
Ma douleur... Mon combat...

La question de Bagheera me
ramène au présent, avec douceur,
et je rouvre les yeux, où se trouve
sans doute une sorte de détresse muette.
Je n'ai pas la réponse à sa question. Je me tais.

Il lache alors mes mains et recule son visage.
Sans doute vient-il de se rendre compte qu'
il n'aurait pas dû faire ça, que nous
ne nous connaissons pas, que ces
gestes n'ont aucun sens...

Mais non, il me lache juste
pour poser ses mains autre part
sur moi, pour m'attirer contre lui.
Et même si une foule de sentiments tous
plus contradictoires les uns que les autres
se bousculent dans ma tête, la douceur de ses gestes
ont raison de ma peur et de mon sentiment de trahir la
mémoire de mon amour disparu... Je m'abandonne à cet homme.

Peur? Oui... Non... Je ne sais pas.
Me voulez-vous du mal?

Mafioso était assis dans un coin sombre, le plus
éloigné du feu. Personne ne l'avait remarqué et
il en était bien triste.

Depuis qu'il avait aperçu Angie Macquart, il y
a de ça plusieurs cycles, mafioso n'arrêtait pas
de penser à celle-ci et à son très beau corps.

Lorsqu'il aperçu que quelqu'un osait s'approcher
de Angie, le coeur de Mafioso cessa de battre
pendant un long moment, quelle tristesse de voir
sa flamme s'éteindre en voyant ce doux baiser
entre le visiteur et Angie.

Il décida alors de s'interposer entre les deux
renaissants devant l'atre. D'un pas décidé, Mafioso
s'avança vers l'étrange visiteur, celui qui osait
embrasser cette renaissante. Mafioso déposa sa main
sur l'épaule de ce-dernier et l'éloigna de Angie.

Tu oses t'approcher de cette ravissant dame ?

Mafioso était furieux...

Bagheera n'eut pas le temps de répondre à Angie. Il venait d'être brutalement détaché d'elle. Il sentit alors une boule se former au fond de son estomac. Ses muscles se tendirent. Son sang se fit bouillonant. Son regard devint noir.

Le coup partit sans prévenir. Le Chat attrapa l'inconnu au cou et le plaqua au sol. Son genou vint se câler dans l'abdomen de ce renaissant, l'empêchant de respirer convenablement. Il le regarda fixement dans les yeux, avant de prendre la parole.

Ne recommence jamais ça l'ami, ou bien je t'enverrai brûler en Enfer et me nourrirai de tes cendres.

Puis il relacha son étreinte et se releva. Sans jeter un regard autour de lui, il s'assit à la table la plus proche de lui. De sa sacoche, il sortit une pipe, la bourra avec cette herbe si particulière, l'alluma et aspira à plein poumons. Après quelques instants, il laissa doucement ressortir la fumée de ses entrailles, jouant avec elle. Son estomac se mit soudain à gronder, il était affamé.

"Me voulez-vous du mal?"
Je baisse les paupières, attendant
la réponse à cette question, n'osant affronter
ce regard qui me trouble, me transperce comme une lame,
et pourtant me fait l'effet d'une caresse, comme un vent tiède.

Je sens le coeur de cet homme battre contre ma peau, comme
si il tentait d'imposer son rythme au mien, ou un écho,
et ma conscience s'égare une fois de plus. Elle me
ramène à Machupo, dans cette chambre sombre où
l'Evangeliste m'a aimée comme nul autre
avant lui, où j'aurais voulu que ma
vie se prolonge à l'infini, où
je me suis sentie tellement
bien, sereine, comblée.
Souen, mon amour...
Souen, ma vie...
Souen...

Plus rien!
Une voix inconnue
qui arrive à mon esprit,
le corps de l'inconnu qui s'écarte...
Mes yeux se rouvrent, je me sens perdue
comme une petite fille éveillée brusquement
en plein milieu d'un rêve duquel elle aurait voulu
ne jamais sortir... Oui, j'étais en plein songe! Juste un songe!

Je mets un certain temps à me rendre compte de ce qui se passe ici.
Je vois le Sieur Bagheera s'approcher d'un homme, l'attrapper
à la gorge et le coller au sol, le regard noir de haine.
Ensuite il se relêve et va s'installer à une table.
Je le quitte du regard et porte celui-ci vers
l'homme étendu au sol, m'avançant.
J'ignore qui il est lui aussi.

Relevez-vous!
Prennez un verre sur mon compte!
Mais je vous en prie, pas de bagarre ici...

Ce n'est qu'alors que me reviennent en mémoire l'étreinte
de Bagheera, mon trouble, la douceur, l'abandon...
Il a osé profiter de ma douleur, de mon chagrin,
pour poser ses mains sur moi, là où celles
de Souen avaient marqué ma peau.
Pas un instant je ne me dis
qu'il ne savait pas...

Je le hais! De tout mon corps!
Je hais cet homme qui après m'avoir
souillée de ses doigts est parti s'assoir
pour fumer je n'sais quoi au juste, comme un
gosse reposant un jouet sans y faire attention.

Ma main se porte à ma jupe, et mes jambes me mènent
jusqu'à la table où il est. Je ne contrôle plus
rien, aucun de mes gestes, aucun de mes mots.
Mes doigts s'enroulent autour du manche
de mon couteau, et d'un mouvement
brusque, viennent poser la lame
brillante sous sa gorge.

Que vouliez-vous?

Retour à la réalité, plus brutal que la haine. Il regardait le visage de cette femme qui un instant plus tôt avait enflammé son coeur. Voilà qu'elle le défiait maintenant, prête à lui faire couler son sang. Il n'y a qu'un pas pour passer de l'amour à la haine. Mais dans l'autre sens ?

Bagheera resta sans dire un mot. Il posa sa pipe sur la table, se leva et se dirigea vers le feu. Il le contempla un instant. Soudain il jeta sa main dans les flammes, et en sortir une braise ardente, qu'il serra fort entre ses doigts. La douleur l'accablait, mais elle n'était rien comparée à celle provoquée par le regard de la femme. L'odeur de chair brûlée commença à se répandre dans la taverne.

Il se retourna et chercha le regard d'Angie. Les douleurs étaient vives. Mais il ne pleurait pas, ses yeux étaient secs.

Vous !

Ewilan avait pourtant suivi scrupuleusement le plan de Dame Angie afin de ne pas se perdre une fois de plus ! ........ Enfin ..... presque scrupuleusement :

- *Là, je crois que la leçon est retenue ! Plus jamais je ne me créerai de raccourci .... quoique le coin est beau, je n'aurais pas tout perdu !* pensa-t-elle.

Heureusement, - chance ou sens de l'orientation ? - au détour d'un chemin, la jeune fille entrevit au loin la taverne.

- Un peu plus et je faisais demi-tour jusqu'au début de mon "raccourci" ! murmura Ewilan, soulagée.

La jeune fille mit pied à terre et installa son chevak à l'écurie, avant de se diriger vers la porte d'entrée de la taverne.

- Bonj... commença Ewilan en poussant joyeusement la porte.

Le spectacle qui l'attendait la pétrifia de stupéfaction.

Que faire ? Essayer de savoir ce qui se passait ici ? Avec le risque de se faire renvoyer sur les roses et peut-être pas qu'oralement ? Tourner les talons et partir tant qu'elle n'était pas impliquée d'une quelconque manière ? S'approcher du bar et commander un verre comme si rien n'était ? ....

A trop réfléchir, Ewilan ne bougeait toujours pas. La solution de facilité ne lui plaisait pas mais était très tentante ...


Une violente douleur s'insinua dans le poignet d'Ewilan. Et pourtant c'était dans celui de Dame Angie que le poignard s'était enfoncé.

- Bonjour ..... pouvez me servir un léfrèzz ? articula enfin la jeune fille sans quitter son hôte des yeux.

Puis elle s'approcha de Dame Angie en fouillant dans son sac. Sans un mot, elle lui tendit de quoi lui faire un bandage et esquissa un geste lent pour lui prendre le poignard.

Installé derrière son comptoir, il s'était contenté de saluer l'Impure d'un petit hochement de tête lorsqu'elle était arrivée. Ensuite, il avait continué à essuyer ses verres et à mettre un peu d'ordre dans les bouteilles, tout en observant d'un oeil qu'il espérait discret, tout ce qui se passait dans les lieux.

Il ne connaissiat pas encore sa nouvelle employeuse, il ne l'avait rencontrée que trois fois, et elle lui avait proposé la place de tavernier. Encore aujourd'hui il se demandait pourquoi.

Quoi qu'il en soit, il espérait être à l'abri de la justice en se cachant chez elle, et lui en était grandement reconnaissant, même si il ne le disait pas ouvertement. Il n'avait pas de talent pour parler, et encore moins pour montrer ses sentiments.

En voyant l'homme et l'Impure enlacés devant les flammes, il s'était tout d'abord dit que c'était sans doute l'amant de la dame, bien qu'il lui semblait vaguement avoir entendu qu'il s'était présenté et lui avait demandé si elle était bien Angie Macquart... Etrange! Peut-être était-ce un jeu entre eux? Les renaissnats sont parfois bizarres!

Il les quitta un instant du regard pour ne pas se faire remarquer, et se servit un verre.

Lorsqu'il se tourna à nouveau vers eux, l'homme tenait un "morceau de feu" dans la main, et l'Impure le toisait du regard. A quelques pas d'eux, un des clients qui était là depuis plusieurs cirfeux, installé dans un coin, était étendu sur le sol.

Une femme à la chevelure rousse pénétra alors dans la taverne, tombant comme un cheveu sur la soupe, c'est peu de le dire. Elle se figea sur place en voyant la scène, et le Balaffré s'en fit un peu mal. Elle avait l'air totalement perdue, ne sachant que dire ou que faire. Aussi décida-t-il d'aller vers elle.

Il quitta l'arrière du comptoir et s'avança dans sa direction, juste au moment où l'Impure s'ouvrait le poignet, et où la dame demandait d'une voix hésitante un verre de léfrèzz. Ce qu'elle oublia rapidement pour tendre un morceau de tissus à celle qui venait de commettre ce geste, et tenter de la désarmer.

Perdu, se demandant où il avait mis les pieds, le Balaffré continua à s'approcher, ne sachant trop comment réagir. Pour finir, et c'est sans doute ce qu'il y avait de moins malin à faire, il s'adressa à la femme rousse.

Si j'étais vous, je ne me mêlerais pas de cette histoire. Je crois qu'ils sont grands assez. Quoi que...

Angie, vous allez bien?

Bagheera n'avait d'yeux que pour elle. Plus rien autour de lui n'existait. Les flammes avaient pris possession de son corps et de son coeur, et rien ne semblait pouvoir contenir l'incendie qui s'était déclaré.

C'est alors qu'Angie saisit sa lame et commença à se découper la chair du poignet. Le sang se mit à couler à grosses gouttes.

Bagheera lâcha la braise. Il ne sentait plus sa douleur. Il était stupéfait ! Il ne connaissait personne qui avait voulu braver les flammes. Cette femme avait dû beaucoup souffrir pour le suivre.

Il s'approcha d'elle, les larmes aux yeux. Il lui saisit le bras, et le pressa délicatement entre ses doigts. Le saignement se calma. Puis il baissa la tête vers la plaie, et lêcha le sang qui avait coulé. Il passa sa langue sur ses lèvres, les rendant encore plus rouge. Ses yeux fixèrent ceux d'Angie.

Ne faites pas une chose pareille. Ne vous sacrifiez pas pour le feu. Il a sa propre raison, et il ne mérite pas qu'on se donne la mort pour lui.